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4 octobre 2023 3 04 /10 /octobre /2023 10:32

    Hélène, une jeune femme accorte, appartenant au petit peuple, issue des quartiers populaires de la ville de Brest, coiffeuse de son état, épouse l’héritier d’une famille richissime qui règne sur les destinées économiques et politiques d’une petite bourgade bretonne. Très vite, cette mésalliance, mal acceptée par sa belle-famille, va susciter jalousies et coups bas. La situation va se dégrader un peu plus quand l’héritier, maire de la commune, va se trouver plongé dans le coma après un accident de la route. Afin d’assurer sa subsistance et de rompre sa solitude, Hélène va se faire embaucher dans le salon de coiffure local et se faire des amies. Mais, en coiffant les hommes du bourg, elle se découvre un don très particulier qui va lui permettre d’accéder à leurs pensées les plus intimes, en dévoilant leurs turpitudes.

    Une voix off commente le récit dont Hélène est la vedette. De toute évidence, la narratrice connaît Hélène. On ignore qui est cette femme qui donne son éclairage, porte des jugements et complète le récit par ses propres observations. On finira par découvrir son identité car elle va jouer un rôle déterminant et elle sera la cause d’un coup de théâtre bien amené qui relancera l’intrigue.

    Gérard Pussey a déjà publié dans de grandes maisons d’édition et ses romans ont déjà été couronnés par des prix. On sent un « style » comme on parle d’une « patte » en peinture. Une écriture élégante qui sert bien l’histoire et un portrait très caustique, je dirais même au vitriol, de la bonne société d’une ville provinciale.

    Je suis entré progressivement dans ce roman qui a fini par me happer tant l’auteur a su créer une atmosphère prenante. Ce n’est pas à proprement parler un polar même s’il contient une dose de suspense et de mystère, notamment dans sa seconde partie.

    Une lecture que je conseille pour passer un bon moment de détente et pour une succulente dégustation stylistique.

Turpitudes, de Gérard Pussey, éditions Lajouanie, mai 2023, 175 pages, 9 € 90.

 

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22 août 2023 2 22 /08 /août /2023 15:37

    Dans les années 70, un jeune inspecteur de police, Greg Brandt, intègre les rangs de la police judiciaire nantaise. Il est porteur d’un héritage lourd à assumer puisque son père était un ponte de l’OCRB ( L’Office central de répression du banditisme à Paris ) et que sa mère ne cesse de lui rappeler cette filiation afin qu’il mettent ses pas dans ceux de son géniteur.

    Pris en charge dès son arrivée par des collègues plus anciens, plus expérimentés, traînant derrière eux une histoire parfois mouvementée et entretenant des rapports ambivalents avec le monde de la nuit, il va devoir faire son apprentissage de la société interlope de cette ville où il n’est pas toujours facile de tracer une ligne de démarcation claire entre flics et voyous. Les tentations ne manquent pas comme cette prostituée prénommée Barbara. Progressivement, il va réussir à tenir le cap et à faire sa place, en évitant de se compromettre et en s’imposant, au besoin par la force, comme contre Lopez, un truand teigneux qui le dépasse de deux têtes. Arrivé à Nantes au moment où un braquage de fourgon fait une victime, il va se trouver confronté à une guerre qui oppose deux parrains pour la possession des lieux de vie nocturne et aux agissements d’un psychopathe qui assassine sauvagement ses victimes après les avoir violées.

    Très vite, on est plongé dans l’ambiance et on a l’impression de côtoyer des êtres familiers auxquels on s’est attaché, des personnages qui sont un concentré d’humanité, avec leurs qualités et leurs faiblesses. À aucun moment on ne s’ennuie et, même si ce roman est un pavé de plus de 400 pages, on le dévore avec d’autant plus d’avidité et de plaisir qu’il est passionnant et bien écrit.

    Comme l’ont fait avant lui plusieurs auteurs et pas des moindres, au prix d'un retour en arrière, Carl Pineau revisite la jeunesse de son personnage après l’avoir mis en scène au sommet de sa carrière dans ses précédents romans. Comme j’ai commencé avec celui-ci, je vais pouvoir suivre la carrière de Greg au travers de la série des Nuits nantaises.

    Bravo à Carl Pineau pour ce remarquable roman.

Greg Brandt, de Carl Pineau, éditions Lajouanie, novembre 2022, 429 pages, 19 €.

 

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24 juillet 2023 1 24 /07 /juillet /2023 10:56

    Cette novella n’est pas un polar mais plus exactement un suspense psychologique. Le personnage central, Bérénice Jouvenal, est une pianiste de réputation internationale. Avec la naissance de sa fille aînée, Laura, elle a découvert qu’elle n’avait pas la fibre maternelle. Mais il faut reconnaître qu’en matière de manque d’affection, Laura le lui rend bien. Par contre, son fils, son gendre et ses petits-enfants éprouvent pour elle compréhension et tendresse. Bérénice est veuve depuis peu et ne se remet pas de la disparition de Léo, son grand amour. Elle vit seule dans sa grande maison où elle revisite ses souvenirs dans lesquels elle retrouve son premier grand amour, Claude, décédé lui aussi, qui l’a quittée il y a longtemps pour sa sœur avec laquelle, depuis, elle est fâchée.

    C’est dans ce mélodrame familial que nous plonge Isabelle Mercier, au fil d’une belle écriture qui contribue au plaisir de la lecture. Dès les premières pages, l’intrigue a éveillé mon intérêt. J’étais impatient de connaître la suite de cette histoire familiale et surtout son dénouement. Isabelle Mercier peint, avec talent et sans doute en puisant dans son histoire personnelle, le tableau d’une famille comme il doit en exister beaucoup, avec son écheveau complexe de sentiments contradictoires, souvent radicaux mais aussi sujets au doute et aux prises de conscience.

    Une histoire prenante, un roman choral passionnant et très bien écrit que je recommande chaudement. Il n’est pas étonnant que ce roman ait été couronné par le premier prix du salon de Sainte-Maxime.

Dernières notes, d’Isabelle Mercier, éditions ED2A, décembre 2015, 94 pages, 15 €.

 

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10 juillet 2023 1 10 /07 /juillet /2023 10:32

Ce roman est classé dans la collection thriller mais ce n’est pas un thriller au sens répandu du terme. Rien de très violent, de trash, de gore. Pas de meurtres horribles ni de déversement d’hémoglobine. Pourtant, thriller, ce roman le devient, à mesure que l’intrigue se développe. On sent monter une certaine angoisse au fil d’un suspense qui va crescendo. Il y a une unité de temps, le mois de novembre, une unité de lieu, cette ville que borde un lac, à la frontière entre la Suisse et la France. Quant à l’unité d’action, elle apparaîtra au fil du récit, je devrais dire au fil des récits qui vont finir par se fondre en un seul.

Au départ, l’auteur nous propose trois personnages centraux : Marco réputé mort noyé dans les eaux du lac, en laissant une veuve et un orphelin. C’est un homme présenté comme trouble, voire inquiétant. Ensuite, il y a José, un aveugle, qui passe le plus clair de son temps avec son amie Mathilde, une vieille dame qui l’aide à vivre le plus positivement que possible sa cécité. Enfin, Bruno, un flic convalescent, une sorte de héros, qui a payé cher son courage. C’est visiblement un personnage récurrent chez Laurence Voïta. On se trouve alors aux prises avec un roman à forte coloration psychologique dont les premiers chapitres s’emploient à creuser la personnalité de ces personnages. Dans les premiers chapitres, on se demande ce qui va les unir. Puis, petit à petit, apparaissent d’autres acteurs, secondaires, de plus en plus nombreux. N’est-ce pas Marco, le suicidé du lac, cet homme qui rôde autour de l’école et que les élèves trouvent suspect ? Et qui est réellement Serge, son père, qui l’a accusé d’un crime odieux ? Et José, qui ne vit le monde que par ses capacités auditives et olfactives mais aussi par une sorte de sixième sens, aidé par son amie Mathilde, pourquoi a-t-il l’impression de connaître cet homme qui loge à l’hôtel où la vieille dame et lui se retrouvent quotidiennement ?

On sent qu’une toile d’araignée est en train de se tisser à mesure que l’auteur propose au lecteur de nouvelles pièces qui, lentement mais sûrement, vont se relier aux autres. Une sorte de puzzle où Marco, José, Bruno et tous les autres vont enfin trouver leur place, surtout quand survient un évènement dramatique qui va donner tout son sens à ce qui paraissait inextricable.

Ce roman, qui repose sur une complexe mais très habile construction, apparaît finalement comme un thriller psychologique dont la lecture a suscité en moi un intérêt croissant au rythme du suspense qui le sous-tend. Je ne peux que le recommander chaudement aux amateurs de suspense et tout particulièrement aux fans de puzzles.

Aveuglément, de Laurence Voïta, éditions Favre, avril 2023, 192 pages, 17 €.

 

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9 juillet 2023 7 09 /07 /juillet /2023 16:44

Où est donc passé Victor ?

    Victor Derda était parmi les premiers Bagnolais sur la tournée de Francis, l’employé de La Poste, qui commençait invariablement par la rue de la Pompe où le retraité occupait une modeste maison pour un loyer qui lui mangeait la moitié de sa pension. Heureusement, le propriétaire lui laissait la jouissance d’un petit jardin, situé à l’autre bout du village, du côté de l’église. Ainsi, Victor parvenait à survivre dans la région où il était né mais où le coût de la vie ne lui permettait plus d’économiser. On le voyait régulièrement descendre la rue du Mitan ou la rue de l’Eglise, sur son vélo auquel était attelée une petite remorque remplie de légumes tout frais. À l’occasion, il s’arrêtait chez Pascal, où il se faisait tout petit à l’extrémité de la terrasse du Bistrot, conscient qu’il détonnait, aux beaux jours, parmi les touristes, avec son bleu de travail miteux, sa chevelure hirsute et sa barbe épaisse et broussailleuse. Mais, à Bagnols, tout le monde l’aimait bien, cet ancien cantonnier qu’on avait vu, par tous les temps et en toutes saisons, trimer pour nettoyer les fossés et, notamment à l’automne, débarrasser le parvis de la mairie des feuilles des platanes. Les habitants qui fréquentaient le Bistrot lui donnaient du « Salut, Victor » ou du « Bonjour , monsieur Derda », selon leur degré de familiarité avec le vieil homme. Les jours de marché, on le voyait arpenter la Grand rue et on devinait, dans l’œil malicieux qu’il promenait sur les étiquettes, qu’il se tenait pour chanceux de cultiver son jardin.

    Depuis bien des années déjà, Victor avait pris sa retraite et la commune avait investi dans une remplaçante mécanisée pourvue de toutes les fonctions possibles : balayeuse, aspirateur et souffleuse, sans parler du puissant jet d’eau qui, de son temps, lui aurait épargné bien de la fatigue.

     Pour rien au monde, Victor Derda n’aurait manqué le passage du facteur ( Le terme de préposé n’avait pas cours au village ). Sa boîte aux lettres était inutile car il n’était jamais absent et il tenait à se voir remettre son courrier en main propre. Ce matin-là, Francis eut beau appeler, il trouva porte close. Il glissait une revue dans la fente quand une voisine l’interpella.

    - Je l’ai vu partir hier et il n’est pas rentré. Il était tout endimanché. Et coiffé.

    - Vous savez où il allait ?

    - Avec un taiseux pareil, comment voulez-vous savoir ? Il m’a simplement dit qu’il ne rentrerait pas le soir et qu’il prenait le bus.

    Francis ressentit une légère inquiétude. Trois jours auparavant, il avait remis à Victor un pli à l’en-tête d’un cabinet d’huissiers de Paris. Un recommandé, accompagné d’un accusé de réception.

    - J’espère qu’il n’a pas d’ennuis, se dit Francis en son for intérieur. Puis, il poursuivit sa tournée.

    On ne vit pas Victor Derda de toute la semaine. Pas plus que de la semaine suivante. On s’inquiéta. Le maire en personne s’en émut au point de déclencher une recherche officieuse. Le vieux cantonnier faisait partie de ces gens qui, dès qu’ils dérogent à leurs habitudes, sèment l’émoi autour d’eux. On n’allait tout de même pas lancer une enquête pour disparition inquiétante ! Mais quand même. Le maire se paya l’audace d’appeler sa banque. Une intuition. L’employée du Crédit agricole de Fayence lui dit qu’elle n’avait aucune information à lui communiquer, se réfugia derrière le secret bancaire mais, constatant l’inquiétude du premier magistrat, elle consentit à lui dire que le père Derda avait vidé les trois-quarts de son compte-épargne. Elle considéra qu’elle en avait déjà trop dit. Le maire garda l’information pour lui seul. Quelle pouvait bien être la raison de cet important retrait et de cette absence mystérieuse autant qu’inquiétante ?

    Quelle ne fut pas la stupéfaction dans le village quand, au bout de quinze jours d’absence, on vit notre Victor descendre du bus, vêtu comme un milord, tirant une valise Louis Vuitton ! Sa barbe était taillée, son costume semblait sortir de chez un couturier milanais et sa coiffure soignée lui donnait des airs de notable. Il avait rajeuni. On spécula, les imaginations se déchaînèrent et les ragots se mirent à circuler. De miséreux et apprécié, l’ancien cantonnier était devenu riche et jalousé. Avait-il hérité, lui à qui l’on ne connaissait aucune parenté ? Avait-il décroché la cagnotte du Super-loto, lui qu’on savait abhorrer les jeux de hasard ?

    Quinze jours auparavant, Victor s’était bien demandé ce qui lui arrivait après s’être saisi du recommandé. Il avait remarqué la mine inquiète du facteur resté sur le pas de sa porte et la sienne ne valait guère mieux. L’en-tête sur le coin de l’enveloppe et le recommandé n’étaient pas faits pour le rassurer. Il avait attendu que Francis fût parti pour ouvrir l’enveloppe. Un huissier de justice lui annonçait, au nom d’une compagnie d’assurances, qu’il était le bénéficiaire d’un capital d’un montant d’un million d’euros, à la suite du décès d’un certain Maurice Derda. Inconnu au bataillon, s’était dit le vieux cantonnier, mais bon ça rattrape largement ma vie de misère. Il lui fallait simplement se rendre à Paris pour les formalités. L’adresse ne mentionnait que 83600 Bagnols. Bien qu’ayant arrêté très tôt ses études, Victor n’ignorait pas pour autant qu’il existait d’autres Bagnols plus peuplés que le Bagnols varois. Peut-être, la secrétaire qui avait géré le dossier se trouvait-elle, l’été venu, parmi les touristes qu’on voyait à la terrasse du Bistrot ? Ceci pouvait expliquer cela.

    Il est vrai que la liquidation des assurances-vie ne suit pas le même cheminement que les héritages. Une erreur d’aiguillage est toujours possible, tant les contrats d’assurance-vie représentent un placement parfois ignoré des bénéficiaires et dont la liquidation échappe aux souscripteurs puisque, par définition, ceux-ci sont décédés. Tout se trouve entre les mains de l’assureur.

    À Bagnols-sur-Céze, un autre Victor Derda hérita de la fortune colossale de son oncle, actionnaire d’une multinationale, en ignorant qu’une secrétaire distraite avait été la bonne fée d’un homonyme.

 

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 09:39

Je viens de refermer un roman pour lequel les qualificatifs me manquent. Les premiers qui me viennent spontanément à l’esprit sont : cathartique, désopilant, talentueux, addictif et profond. Mais je pourrais en trouver d’autres tout aussi flatteurs.

Cathartique car il traite de la résurgence des groupuscules d’extrême-droite, de leur caractère abject et de la menace qu’ils représentent, phénomène qui me révulse moi aussi, que je trouve très inquiétant et que Jean-Baptiste Ferrero parvient à traiter avec un humour féroce que je trouve réconfortant. Quand la peste brune se fait malmener de cette façon, je jubile. Même si c’est de la fiction.

Désopilant car il y avait très longtemps qu’une lecture ne m’avait procuré autant de fous rires et, je répète à dessein le mot, une telle jubilation. J’ai souvent lu sous la plume de chroniqueurs la phrase « N’est pas Frédéric Dard qui veut ». Eh bien, moi qui ai lu tout Frédéric Dard et qui en ai fait mon miel, je me sens autorisé à affirmer que, dans cet opus, Jean-Baptiste Ferrero se hisse à la hauteur du maître, mes propos dussent-ils passer pour iconoclaste.

Talentueux car, au-delà de la qualité de son intrigue, de sa capacité à entretenir le suspense, de l’efficacité de son écriture, de son style très imagé, de la créativité de ses images, Jean-Baptiste Ferrero conduit une analyse à la fois sociologique, psychologique et même politique très lucide dans laquelle, derrière un humour permanent qu’on pourrait être tenté de prendre pour un détachement superficiel, il assène une série de vérités profondes et très justes sur le fonctionnement de notre société et sur la réalité de l’être humain. C’est sans doute là un élément déterminant du « mais pas que… » de la collection.

Addictif car, malgré mes activités multiples et les sollicitations dont je suis l’objet, emporté par l’histoire, je n’ai pas pu me détacher de cette lecture avant la dernière page. Lu d'une traite, donc.

Profond car, derrière un humour apparemment débridé, Jean-Baptiste Ferrero déroule une conception de l’existence et du rapport aux autres fondée sur une analyse très pertinente et qui invite à réfléchir. Pour s’en convaincre, il suffit de méditer cette citation de Friedrich NIETZSCHE qui résume le substrat de cette histoire : «  Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et, si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi. »

Mise en garde contre les effets indésirables : la violence de certaines actions, le ton cru et le verbe fleuri comme les bonnes manières remisées au placard peuvent heurter les âmes sensibles et les culs-serrés. Mais, le tout, enrobé dans un humour d’une saveur inoubliable, peut être mis sous les yeux de tous et la remarquable morale qui sous-tend ce roman le rend accessible aux âmes les plus sensibles

Si vous aimez la combinaison humour, suspense et action, foncez, ce roman est du plaisir à l’état pur.

Vengeance, de Jean-Baptiste FERRERO, éditions Lajouanie, juin 2023, 307 pages, 9 € 90.

 

 

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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 19:37

Pour être sulfureuses, elles le sont, ces missives ! Et ce ne sont pas n’importe quelles missives ! Dominique Bourgeon construit son histoire à partir d’un fait historique pour le moins étonnant mais avéré pour bâtir une intrigue ô combien complexe mais passionnante. Un antiquaire est assassiné au Marché aux Puces et, dans le même temps, dans la Brenne, les corps de deux femmes sont retrouvés calcinés dans une voiture incendiée. Quel rapport y a-t-il entre ces meurtres ? Voilà le prétexte de cette intrigue qui entraîne le lecteur dans le milieu du trafic des œuvres d’art, avec, à la manœuvre, le commissaire Marc Righini qui commande l’OCBC ( Office central de lutte contre le trafic de biens culturels ). Très vite, ses investigations vont le tirer vers l’histoire de sa famille, une histoire aussi sulfureuse que les fameuses missives qui font du dénouement de ce roman une véritable révélation historique. Et, entretemps, de découverte en découverte, des coups de théâtre vont chahuter tous les protagonistes de cette histoire, à commencer par Righini lui-même. Un roman captivant que je vous recommande.

Des missives bien sulfureuses, de Dominique Bourgeon, éditions Lajouanie, avril 2023, 221 pages, 9€90.

 

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3 mai 2023 3 03 /05 /mai /2023 06:30

Si ce blog est, pour l’essentiel, consacré à des retours de lecture, il m’arrive d’y faire régulièrement le point sur mon activité d’écriture. C’est le cas aujourd’hui.

Les relevés de ventes que m’adresse mon éditeur ainsi que les échanges que j’entretiens avec Nathalie, l’efficace responsable de la distribution et du référencement des éditions Lajouanie chez PLM, font état, non seulement d’une augmentation importante de mon lectorat, mais aussi de son extension géographique. Une sorte de toile d’araignée tissée au fil de mes déplacements mais aussi du bouche à oreille, sans négliger la politique de promotion de mon éditeur par le biais des réseaux et des services de presse.

Si je me fie aux confidences de la seconde citée, je suis celui qui vend le plus et si je me base sur les calculs du premier pour estimer la taille du lectorat d’un auteur ( hors ventes effectives ), je compterais « plusieurs dizaines de milliers de lecteurs conquis ». Même si je ne boude pas mon plaisir en percevant mes droits d’auteur, ma source de satisfaction réside surtout dans la conquête de nouveaux lecteurs mais aussi de nouveaux territoires, comme c’est le cas depuis l’an dernier avec la Bretagne où j’envisage de me rendre en 2024, pressé par mon éditeur et surtout pas les éditions Palémon qui me disent que les Bretons m’attendent avec impatience. Ils ont découvert mes polars provençaux et en raffolent, paraît-il. Mes romans sont dans les bacs de la plupart des libraires en France et, de facto, mes lecteurs se répartissent eux aussi sur tout le territoire national et même à l’étranger, avec, mais cela est normal, une concentration plus forte en Provence et dans le Nord-est.

Mon calendrier de signatures pour 2023 se remplit à vue d’œil. Le salon de Nemours, un des temps forts de la littérature policière, avait ouvert l’année fin janvier, avec un public très nombreux et un record de signatures. Pour boucler le second semestre, il suffit d’attendre les réponses de quelques grands salons. Parmi eux, il y en a que j’affectionne particulièrement : le Festival de Mouans-Sartoux, la Fête du livre du Var et j’espère renouer cette année avec le beau salon de Fuveau. Je pense également avoir pour la première fois les honneurs du salon du polar de Villeneuve-lez-Avignon, une manifestation très coté dans l’univers du Noir.

Avec la sortie récente de mon dernier polar, « Le roman oublié », j’ai entrepris aussi cette année une série de conférences autour d’Emile Gaboriau, le père du roman policier français et l’inspirateur de sir Arthur Conan Doyle pour la création du personnage de Sherlock Holmes. Un des écrivains les plus lus et les plus populaires de la seconde moitié du XIXe siècle. Les retours sur les premières conférences sont très positifs. Le public découvre, avec un grand intérêt, cet auteur et, au-delà, la vie littéraire sous le Second Empire. « Le roman oublié » est un polar exclusivement provençal entre les Bouches-du-Rhône et le Var. Un des récits qui sous-tendent l’intrigue met en scène Emile Gaboriau venu en Provence en 1866 prendre des notes pour l’écriture d’un roman dont ses biographes n’ont pas trouvé trace. Je dois avouer que j’éprouve un immense plaisir à situer certains de mes récits dans le passé et, depuis quelque temps, au XIXe siècle que je découvre comme une des plus riches époques de notre Histoire. Cela, même si, dans un avenir que j’espère proche, se profile l’espoir d’une réédition, sous un autre titre et chez un autre éditeur, de « 24 », mon thriller historique qui a pour cadre le XVIe siècle, une autre de mes périodes de prédilection.

En 2024, les conférences autour de Gaboriau laisseront la place à un autre cycle consacré à Rimbaud et plus précisément à une face méconnue du poète ardennais. Je considère qu’être écrivain ne se limite pas à écrire mais aussi à participer à une forme de vulgarisation culturelle, en lien avec ses propres œuvres. J’ai déjà publié un roman autour de Rimbaud et j’en ai un second dans mes cartons. Il est actuellement entre les mains de des éditions Grasset, de l’Iconoclaste et de Anne Carrière.

Quant aux projets d’écriture, ils foisonnent et il serait trop long d’en faire ici l’inventaire. Les enquêtes de Théo Payardelle se poursuivront si j’en crois les propos récents que m’a tenus mon éditeur : « Nous avons construit là une belle aventure ». Je considère que ce personnage et ses enquêtes lui appartiennent car c’est par cet éditeur parisien, devenu un ami, que j’ai acquis une notoriété et une visibilité nationale. Une nouvelle enquête devrait paraître à l’automne et plusieurs autres sont déjà scénarisées.

Par contre, afin de ne pas m’enfermer dans le carcan de la littérature policière, j’envisage de m’orienter vers la « blanche » et vers deux recueils de nouvelles.

Il y a donc « du pain sur la planche » et, si la vie et l’inspiration me restent fidèles, l’avenir s’annonce chargé mais passionnant.

 

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10 avril 2023 1 10 /04 /avril /2023 09:50

Quand on met le nez dans un roman de Nicolas lebel, impossible de s’en extraire avant la dernière page. Et c’est plus que jamais le cas avec cette nouvelle aventure passionnante de Yvonne Chen, policière atypique, toujours à la poursuite des Furies, ce trio de tueurs à gages commandé par le terrifiant Alecto assisté de ses deux acolytes, Mégara, symbole de la Haine, et Tisiphone, personnification de la Vengeance, qui a abattu par erreur le collègue et ami d’Yvonne. Ce trio diabolique répond à des commandes qu’il met en scène sous la forme de rituels sophistiqués que leur chef appelle des « danses ». Cette fois, la danse vise la cession forcée d’un château isolé au sommet du massif vosgien, au cœur d’un domaine viticole qui produit du vin de glace, une spécialité hors de prix dont sont supposées regorger les caves du château. Pour cette nouvelle opération, Alecto, la tête pensante des Furies, souhaite s’adjoindre l’aide d’Yvonne qu’il sait être en congé de la police. Du moins, le croit-il. Celle-ci accepte de se faire dévoyer, avec le secret espoir de pouvoir ainsi venger son collègue. En fait, elle bénéficiera en sous-main du soutien de la DGSI commandée par son ancien patron, le commissaire Bougerol. Deux plans machiavéliques et secrets, l’un ourdi par la DGSI, l’autre par les Furies, vont se mettre en place et s’affronter dans ce château en partie à l’abandon habité par le propriétaire, son épouse et quelques collaborateurs.

Le rythme de cette intrigue machiavélique est soutenu jusqu’à la dernière page où, après avoir été mené en bateau pendant plusieurs chapitres, le lecteur est confronté à une surprise de taille qui augure d’une suite tout aussi captivante dans le prochain opus. S’il existait un prix Machiavel du polar, je pense que Nicolas Lebel le décrocherait pour chacun de ses romans. La construction de l’intrigue relève d’un minutieux travail d’horlogerie avec des rouages parfaitement articulés les uns avec les autres malgré la complexité du mécanisme.

Chacune des « danses » se calque sur un jeu ou un rituel connu. Ici, ce sont les règles et les étapes du tournoi médiéval qui rythment le cours de l’histoire. Ajoutez à cela une écriture des plus séduisantes, celle d’une des plus grandes plumes du noir, à mon humble avis largement au-dessus de grands noms de la littérature policière en vogue que je ne citerai pas. Je rejoins l’avis de Bruno Corty, du Figaro littéraire : « Nicolas Lebel s’installe durablement à la table des grands du thriller français ». Et, en ce qui me concerne, j’ajouterais volontiers à cet avis : « ...qu’il mériterait amplement de présider ».

L’hallali, de Nicolas Lebel, éditions Le Masque, JC Lattès, mars 2023, 278 pages, 21 € 90.

 

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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 09:49

Comment classer ce livre aussi original que passionnant ? L'éditeur le désigne comme un récit. En fait, il oscille entre le roman et le documentaire, en intégrant des données autobiographiques. Le bandeau qui ceint la couverture annonce qu’il associe Rimbaud et la Commune de Paris. C’est exact et ce rapprochement donne vraiment lieu à une fiction documentaire qui, bien que traitant d’un autre sujet et sur un mode différent, rappelle un peu le livre de David Le Bailly, « L’autre Rimbaud ». Gérard Dôle traite le sujet avec d’infinies précautions, multipliant les verbes au conditionnel, soulignant le caractère putatif de certains passages. Pas plus ceux qui prétendent qu’il a participé à la Commune que ceux qui affirment qu’il n’a pas trempé dans ces évènements ne connaissent avec certitude la réalité des séjours parisiens de Rimbaud. On en maîtrise des fragments, on ne peut qu’imaginer le reste. On peut comparer le séjour parisien du poète à une de ces tablettes antiques dont des parties ont été effacées et dont on tente de décrypter le contenu à partir des parties lisibles. C’est ce que fait avec talent Gérard Dôle, en s’appuyant sur un énorme travail de documentation, accompagné de nombreuses références. La liberté de la fiction s’allie avec bonheur à la rigueur de l’historien. Gérard Dôle connaît son sujet sur le bout des doigts et entraîne le lecteur dans une balade parisienne en compagnie d’un Rimbaud méconnu, déroutant mais émouvant. Cerise sur le gâteau, on découvre le cheminement au terme duquel Gérard Dôle est entré en possession de cette photo. C’est une fenêtre sur la vie passionnante de cet intellectuel qui a assimilé, au sens propre du terme, Arthur Rimbaud jusqu’à faire du lieu de séjour parisien du poète sa propre demeure. J’ose me permettre cette facétie : si Gérard Dôle déclarait à son tour en parlant de lui-même « Je est un autre », il pourrait considérer que l’autre serait à coup sûr Rimbaud.

Un livre passionnant, fort bien écrit, très documenté et qui devrait intéresser les lecteurs bien au-delà du cercle des Rimbaldiens.

Rimbaud, La photographie oubliée, de Gérard Dôle, éditions Terre de brume, novembre 2022, 244 pages, 18 € 50.

 

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