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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 20:36

Quel roman ! Un sujet original, une histoire passionnante et un magnifique travail d’écriture. L’histoire est assez simple : Hubert Garden, un inspecteur général de la sécurité dans une grande entreprise chargée de superviser des projets de travaux publics, exerce un métier grâce auquel il peut régner en maître sur un tas d’entreprises et de chantiers chez lesquels il vérifie le respect des règles de sécurité. Il exerce un pouvoir exorbitant mais sent aussi sur ses épaules le poids d’une énorme responsabilité que met brusquement en cause une série d’accidents graves. Son employeur envisage de le rétrograder. C’est alors le point de départ d’une fuite en avant, d’un véritable dérapage qui va entraîner Hubert Garden dans un terrible engrenage en compagnie de sa femme qui, de son côté, vit mal son métier d’agent de service dans une maison de retraite et souffre de troubles psychosomatiques. Lui-même a connu une enfance traumatisante dont le souvenir semble être l’aliment de son glissement dans la folie.

On est pris d’entrée de jeu par ce récit qui a tout d’un thriller et dont l’intensité va crescendo à mesure que se développe la folie d’un homme qui cherche à se venger d’une entreprise qui le maltraite. La construction du récit et l’écriture sont magistrales. C’est aussi une réflexion pertinente sur l’être humain et sa fragilité. J’ai été happé par cette histoire hors normes qui montre comment un être  au départ banal peut devenir un personnage monstrueux.

Travailler tue, de Yvan Robin, éditions Lajouanie, octobre 2015, 231 pages, 18 €.

 

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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 06:16

David Coulon nous livre là un roman écrit à la première personne dans un style original, nerveux, avec une succession de phrases brèves, parfois uninominales, un texte scandé qui donne le rythme qu’exigeait cette histoire.

Un soir qu’il rentre chez lui avec un taux d’alcoolémie supérieur à la norme, un homme emprunte une petite route sur laquelle sa destinée va croiser celle d’une femme qui semble fuir quelque chose de terrible. Alors qu’il s’est arrêté pour satisfaire un besoin naturel, cette femme surgie de nulle part tente de lui voler sa voiture. Il s’y oppose et la situation dégénère. Elle dégénère à tel point que ce père de famille au chômage va entreprendre une véritable descente aux enfers qui le conduira vers un dénouement qui dépasse l’entendement.

L’écriture de David Coulon, évoquée plus haut, sert à merveille le rythme effréné de la terrifiante mécanique qui broie cet homme perdu, sur fond de chômage, de misère sociale et d’intolérance, dans une banlieue dortoir de Rouen.

D’entrée de jeu, j’ai été happé par cette histoire hors normes qui a fait de cette lecture une de celles qu’on supporte mal de voir interrompues par les nécessités de la vie quotidienne et qu’on a hâte de reprendre là où on l’avait laissée tant le suspense est fort et va crescendo.

Un page turner à découvrir de toute urgence.

Je serai le dernier homme, de David Coulon, éditions Lajouanie, mars 2018, 293 pages, 18 €.

 

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 10:55

Une intrigue complexe et savamment construite, des personnages forts et attachants, même si plusieurs d’entre eux sont d’affreux tueurs, et un suspense qui tient la route de la première à la dernière page, tels sont les principaux ingrédients de ce thriller excellentissime. Le rythme ne faiblit jamais dans ce récit qui va à cent à l’heure et qui plonge le lecteur dans l’univers des tueurs à gages formatés pour assurer des contrats sans le moindre état d’âme. Malheureusement ou, heureusement, l’homme n’est pas un robot et il peut être animé de sentiments contraires. C’est le grain de sable qui peut gripper la plus belle des mécaniques. Un contrat dont l’exécution ne se passe pas comme prévu et, vingt ans plus tard, les conséquences plongent les protagonistes dans un écheveau dramatique. Une écriture sobre et nerveuse sert à merveille le rythme soutenu du récit. J’ai bien aimé la façon dont est traité le dénouement. On devine un beau travail de préparation qui rend crédible ce thriller dont je recommande vivement la lecture. C’est le troisième opus que je lis de Fabrice Pichon et mon plaisir est intact. Et puis, cet auteur attachant sait si bien parler des lieux qu’il a connus et aimés. On en redemande.

Protocoles fatals, de Fabrice Pichon, éditions Lajouanie, février 2018, 194 pages, 18 €.

 

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1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 11:10

 

On le sait, Marek Corbel possède une forte identité littéraire, par son style si personnel que l’on avait pu déjà apprécier dans « En proie au labyrinthe » et qui donne sa pleine mesure dans ce nouvel opus qui se veut un hommage à Auguste Le Breton mais aussi plus généralement au polar d’après-guerre avec sa grande vedette, l’argot. J’ai retrouvé, sous la plume de cet auteur doué, un peu de la littérature policière que vénérait mon père, lui qui savait si bien manier le langage des « beaux mecs ». De Lebreton à Léo Malet en passant par Simonin et Giovanni, ce roman est un hommage appuyé au polar d’après-guerre mais aussi, au passage, au cinéma qui l’a adapté dans des chefs-d’œuvre inoubliables tels que « Du rififi chez les hommes » ou «  Touchez pas au grisbi » et j’en passe. Un hommage à des géants comme Melville ou Lautner. C’est aussi une sacrée galerie de personnages hauts en couleurs qui sont aux prises dans une histoire complexe et passionnante, dans des contextes différents car, ce qui ne gâte rien,  Marek Corbel nous livre une intrigue aux petits oignons qui progresse au fil de trois récits, les deux plus proches sous le règne de Giscard, en 1976, et le troisième en août 1944, en cette fin de conflit mondial qui voyait les lignes  bouger fortement, les acteurs de la guerre changer de camp et les voyous chercher à se reconvertir. Tout part de la disparition, au cours de la seconde guerre mondiale, d’une jeune fille, Louise, que sa sœur, Suzanne, a entrepris de retrouver. Il semble que Louise soit entre les mains d’une bande de Corses qui gèrent des « claques » à Paris. Comment en est-on arrivé là ? C’est précisément le cœur de ce polar et de la recherche de Suzanne. En août 44, Suzanne joue sur les divisions de la pègre parisienne et sur la recommandation d’un affranchi pour se lancer à la recherche de sa sœur. On la retrouvera 32 ans plus tard car le dénouement se jouera en 1976, au terme d’un véritable suspense de 243 pages que l’on dévore avec un indicible plaisir. De « Les gravats de la rade » à « Auguste, l’aventurier », en passant par « En proie au labyrinthe » et « Mortelle sultane », j’ai suivi le parcours de cet auteur vers l’excellence. Il vient, de mon point de vue, de nous servir son meilleur opus.

Auguste, l’aventurier, de Marek Corbel, éditions Goater noir, octobre 2017, 243 pages,         18 €.

 

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16 février 2018 5 16 /02 /février /2018 16:41

Connaissez-vous Borg et Slavko ? J’espère pour vous que non et que vous ne le ou les croiserez jamais car vous pourriez vivre un véritable cauchemar. C’est ce qu’ont subi quatre personnages que le hasard a mis en présence d'un seul monstre ? De deux monstres ? au mauvais endroit et au mauvais moment : Jean, le tueur à gages, Christine, la prostituée occasionnelle,  Robert Chevallier, la cible de Jean, et sa fille Alice.  Ils vont subir la plus terrible des épreuves entre des mains perverses et cruelles prêtes à tout pour un projet sur lequel il convient de ne pas lever le voile, sauf à supprimer tout le sel de l’histoire et son dénouement assez surprenant à plusieurs égards.

Dans un style nerveux mais néanmoins élégant qui sied parfaitement à ce genre d’histoire, Christophe Dubourg déroule une intrigue des plus corsées, sans temps morts et où chaque page distille l’angoisse. J’ai retrouvé dans ce thriller un peu de l’atmosphère d’Alex de Pierre Lemaître et de certains thrillers de Karine Giebel. Pour reprendre une expression en vogue mais très parlante, c’est un véritable page turner qui conduit le lecteur dans le tréfonds de l’âme humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus horrible. Et le pire, c’est que, tout au long du roman, on ne peut croire à cette horreur qui, pourtant, à la fin, révèle une réalité qui existe.

Pour un premier roman, c’est un coup de maître. Bravo à Christophe Dubourg qui devrait entrer dans les auteurs de thrillers en vue. Je le recommande vivement.

Les loups et l’agneau, de Christophe Dubourg, éditions Ravet-Anceau, août 2017, 210 pages, 14 €.

 

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 14:36

Quand on interrompt la lecture d’un roman pour vaquer à des impératifs de la vie quotidienne et qu’on n’a qu’une idée en tête, retrouver très vite ce livre, c’est qu’il est passionnant. C’est le cas de l’excellent polar de Malik Agagna qui nous entraîne sans temps mort entre l’Alsace et la Lituanie, en passant par la Côte d’Azur, au fil d’une intrigue complexe mais parfaitement huilée où le suspense est présent de bout en bout. Deux récits sont mis en parallèle : une enquête menée de nos jours à propos des morts suspectes de plusieurs sexagénaires anciens camarades au sein du parti communiste des années 80 et, précisément, le récit de leur amitié de militants invités régulièrement à accomplir des séjours de l’autre côté du Rideau de fer et plus particulièrement en Lituanie. Il semble qu’on ait affaire à un règlement de compte lié au communisme d’avant la chute du mur. C’est du moins ce que pensent les policiers. On suit le parcours de personnages attachants que Malik Agagna sait présenter dans toute leur complexité, leurs contradictions, leurs combats intérieurs et qui animent cette histoire en lui donnant tout son sel. On s’attache autant à leur histoire personnelle qu’au récit d’ensemble dont le dénouement est surprenant. C’est un roman policier mais pas que… C’est aussi un intéressant rappel de ce qu’étaient ces années de guerre froide pendant lesquelles le communisme était encore une belle utopie pour ses militants.

Un premier polar à découvrir absolument.

Du passé faisons table rase, de Malik Agagna, éditions Lajouanie, décembre 2017, 297 pages, 19 euros.

 

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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 20:53

 

Nous sommes en 1907. La loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat a été votée deux ans auparavant mais les tensions restent vives. Le ministre de l’intérieur, Georges Clémenceau, s’emploie à lutter contre une criminalité endémique et se prépare à créer les brigades mobiles autrement appelées les Brigades du Tigre. C’est le moment que choisit un tueur pour commettre une série de meurtres horribles et ritualisés. Les policiers se défilent pour prendre en charge cette enquête car le tueur a assassiné systématiquement des proches des quelques policiers qui s’y sont risqués. Le préfet Lépine se résout à faire appel à un policier de Rennes, Larcinière, connu pour être un fin limier et, surtout, pour n’avoir aucune famille. Il lui adjoint deux jeunes fonctionnaires et, sous couvert d’une enquête sur la criminalité à Paris, il lui demande d’enquêter dans la plus grande discrétion sur les agissements du tueur pour mettre fin à sa terrible série.

Ecrit dans un style très littéraire qui colle parfaitement avec l’époque, ce récit développe une intrigue complexe à souhait dans un contexte géographique, historique et social que l’auteur dépeint avec beaucoup de précision et de talent. On se laisse happer par cette histoire qui entraîne le lecteur dans les arcanes de la numérologie et des mathématiques où le jeune génie, Evariste Galois, tient un rôle central. Le suspense est présent tout au long d’une enquête semée de fausses pistes. Le dénouement et parfaitement inattendu.

Un auteur que je ne connaissais pas et que j’ai découvert avec plaisir.

L’effet domino, de François Baranger,

  Editions Bragelonne, novembre 2017, 625 pages, 8 € 90.

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 20:47

C’est un sujet plutôt original que traite là Pierre Brocchi et il faut reconnaître qu’il le traite avec maestria. Une jeune femme, Alizée,

a recueilli les dernières paroles de sa mère mourante. Des propos sibyllins qui provoquent chez la jeune femme des interrogations sur son passé. Qu’a bien voulu dire sa mère sur son lit de mort ? Pour le savoir, Alizée va devoir se plonger dans son enfance où elle pressent la présence d’un lourd secret de famille. Des Alpes-Maritimes à l’Ecosse, elle conduit le lecteur sur les traces de sa mère et de son père, ce géniteur qu’elle n’a jamais connu et qui aurait disparu dans la nature sans laisser de traces. Elle ne dispose que de journaux intimes que sa mère a tenus et dans lesquels elle puise les indices qui vont la conduire dans un itinéraire sans retour avec, comme étapes et points de repère, les « églises à répit ». Un chemin de croix semé de sang sur lequel elle pense concrétiser les dernières maternelles ou ce qu’elle a interprété comme telles. J’ai apprécié l’évocation de l’Ecosse dont l’atmosphère singulière renforce le côté mystérieux de l’intrigue. Parallèlement à la quête d’Alizée et à son expédition, une équipe de policiers enquête sur un tueur en série qui s’attaque à des prêtres. Avec un sens aigu du suspense, Pierre Brocchi nous entraîne dans une intrigue savamment construite et bien écrite qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. A lire absolument.

Aucun répit, Editions Lucien Souny, collection Plumes noires, janvier 2018, 263 pages, 7 € 50.

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2 janvier 2018 2 02 /01 /janvier /2018 19:11

Le second volet de la trilogie « En proie au labyrinthe », intitulé « La tourmente » est aussi, sinon encore mieux réussi que le premier. Il s’agit une nouvelle fois d’un thriller politique dont Marek Corbel maîtrise parfaitement les codes et dans lequel la fiction tutoie la réalité. Difficile d’entrer dans ce volet sans avoir lu le précédent. On y retrouve les mêmes personnages dans un environnement sensiblement différent depuis l’affaire de l’Elysée et les chamboulements politiques auxquels ont abouti les manipulations du Cartel. Mais, voilà que survient l’assassinat du délégué du Cartel lors de sa visite auprès du vice-premier ministre grec. L’ancienne patronne de la DGSI qui a pris sa retraite est mise en cause à propos de son comportement lors des évènements du 13 février 2016. Son ex-adjoint, Girod, reprend du service pour tenter de restaurer l’honneur de son ancienne patronne. Pendant ce temps, les membres du Collectif qui avaient été emprisonnés retrouvent la liberté et l’un d’eux, Arno, va se présenter à une élection législative partielle contre la représentante du pouvoir en place aux mains du duo Govin-Akny. Et voilà que les Américains s’en mêlent. Ce sont eux d’ailleurs qui tirent réellement les ficelles. Ce second épisode est riche en action et mêle, en les faisant alterner, des récits parallèles. Il faut s’accrocher au début pour entrer dans l’histoire – même si on a lu l’épisode précédent – mais, très vite, on se trouve à l’aise avec une intrigue prenante qui met en scène des personnages crédibles et auxquels on s’attache. Encore une fois, je précise qu’il faut avoir lu le premier volet pour comprendre et apprécier celui-ci. Pour les non-initiés, il convient de savoir que cette fiction rappelle étrangement une période politique récente en Europe. C’est aussi à ce titre qu’elle est passionnante. Cette histoire consacre également, dans ce qui est à la fois un duo et une dualité entre Arno et Julie, l’opposition éternelle entre le réalisme et l’idéalisme. Ce second volet est une nouvelle réussite qui laisse une porte ouverte sur la suite et augure bien du troisième volet qui devrait paraître dans moins d’un an. Une nouvelle fois bravo à Marek Corbel.

En proie au labyrinthe (2), La tourmente, éditions La Liseuse, juin 2017, 241 pages, 17 € 99.

 

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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 21:48

Comme il avait su le faire dans son premier opus mais avec, ici, encore plus de maestria, Jean Dardi entraîne ses lecteurs dans une enquête passionnante, menée à cent à l’heure, avec, aux commandes, un Gio Dell’Orso regonflé à bloc, lancé à la poursuite d’un tueur en série qui assassine de jolies quadragénaires, après les avoir droguées jusqu’à l’overdose et exigé d’elles qu’avant de mourir, elles rédigent sur une feuille de papier le mot « Pardon ». Pour cette nouvelle enquête sans temps morts de son équipe fétiche, maître Dardi redéploye sa galerie de personnages déjà à l’œuvre dans Les sept stigmates, de Maurice Pochet à Julie Rieux en passant par Vidal, sans oublier la nymphomane Pierrette préposée aux archives. Un casting haut en couleur dans lequel domine le truculent Maurice qui n’est pas loin de rappeler un certain Berurier. En plus d’une intrigue habilement ficelée et d’un suspense savamment entretenu, l’humour est un ingrédient majeur de cet opus qui renvoie à des classiques tels que San Antonio. J’ai souvent ri devant des scènes ou des dialogues désopilants. Et qu’on ne me dise pas qu’il y a du sexisme là où l’incendiaire Julie finit par avoir systématiquement le dessus sur ses pitoyables machos de collègues, renvoyant notamment Pochet à son misérable statut de frustré. Derrière la dimension jubilatoire de l’écriture de Jean Dardi, on décèle une véritable rigueur dans l’écriture et dans la gestion d’une intrigue complexe. Jean Dardi a su créer un style, une ambiance et des personnages auxquels ses fans se sont attachés et dont il sera difficile de se passer. On attend avec impatience la suite des enquêtes de Gio Dell’Orso.

Pardon, de Jean Dardi, éditions Terra Nova, septembre 2017, 381 pages, 18 € 50.

 

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