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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 09:18

108 0212Ecrire des romans est l’occasion de varier les approches et de s’essayer à plusieurs genres. C’est toujours ce à quoi je me suis livré dans mes romans, depuis le roman ésotérico-historique qu’était « Le secret des Toscans » jusqu’au thriller historique « 24 », en passant par le polar contemporain et la création de plusieurs personnages récurrents. C’est aussi l’occasion d’expérimenter différentes techniques d’écriture. Je n’en veux pour meilleure preuve que « Le secret des Toscans », roman-puzzle, qui constituait une véritable expérimentation. Son caractère controversé l’atteste. Les suivants m’ont permis d’introduire quelques innovations. C’est toujours cet état d’esprit qui souffle sur mon dernier polar ( Qui sortira cet hiver ) et dans lequel j’ai travaillé sur la multiplication des « points de vue ». C’est à cette dernière technique que je veux consacrer les lignes qui suivent. En règle générale, dans les romans, on trouve un récit à la première ou à la troisième personne. Mais, l’alternance des chapitres rédigés, pour les uns à la première personne, et, pour les autres à la troisième, ne constitue pas une nouveauté. La plupart du temps, dans ce type de construction, l’auteur privilégie la troisième personne, celle du récit qui porte la parole du narrateur tandis que la première personne est généralement réservée à un personnage masqué – la plupart du temps le coupable – qui délivre son point de vue, qui offre au lecteur son regard, sans se démasquer tout en apportant un point de vue particulier qui éclaire ou le plus souvent qui brouille les pistes mais qui permet petit à petit d’entrer dans le cœur de l’énigme, d’échafauder progressivement des hypothèses, mais aussi qui donne corps à l’angoisse. C’est le cas par exemple dans « Cette nuit-là », de Linwood Barclay. C’est un procédé que j’ai moi-même utilisé dans « Portrait-robot » lorsque Marthe ou Juliette s’expriment à la première personne pour dévoiler au lecteur un pan de leur personnalité. Cette technique est un artefact bien pratique qui permet d’introduire dans le récit des éléments d’information dont le narrateur n’est pas supposé disposer. Avec l’écriture de « Dans la mémoire de l’autre », mon prochain polar, je donne à ce procédé une tout autre dimension puisque je ne me contente pas de donner la parole à un personnage mais à plusieurs. Le regard principal est celui du narrateur qui s’exprime à la troisième personne mais, à intervalles réguliers, je donne la parole à chacun des principaux protagonistes qui, surtout à mesure que l’on s’approche du dénouement, se confessent, projetant leur éclairage singulier sur l’intrigue. Là encore, chaque point de vue à la fois se veut éclairant mais dans le même temps brouille aussi les pistes, crée une ambiguïté supposée rendre le dénouement plus inattendu. J’appelle cela la multiplication des points de vue destinée à créer une sorte d’effet « kaléidoscopique ».  Dans ces chapitres, il appartient au lecteur de mobiliser les informations qu’il a déjà recueillies au fil de sa lecture, de les confronter au discours d'un personnage et d’en tirer les moyens de progresser vers la vérité. Car, en définitive, l’objectif de l’auteur n’est pas d’égarer le lecteur mais de l’aider à tracer lui-même son chemin. Je reprends volontiers à mon profit la métaphore de Klee à propos de la peinture : « L’œil suit les chemins qui lui sont tracés dans l’œuvre. » Le point de vue du seul narrateur privilégie un cheminement unique, l’adjonction et le croisement de différents points de vue complexifie le cheminement du lecteur et le rend d’autant plus intéressant.

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