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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 09:09

Les bavardes-copie-1

 

Journal des Bavardes ( Suite ) :
A propos de la tenue de ce journal, certains diront :"Qu'il est bavard !", d'autres :"Comme il est autocentré !". Les deux sans doute si l'on considère que c'est en partie le propre d'un blog de parler de soi, de ce qu'on fait, de ce qu'on aime. En fait, rien de tout ça. J'éprouve simplement le besoin de réfléchir à voix haute et, si ma réflexion vous intéresse, tant mieux, sinon tant pis. Ce matin, je marque une pause dans l'écriture du roman. Un de mes policiers ( pas le principal mais son adjoint, Vergne (1) ) est parti à la rencontre d'un ancien collègue et d'un ancien médecin légiste, tous deux retraités, dont les témoignages peuvent s'avérer capitaux pour l'enquête. Je ne sais pas encore si je vais les laisser témoigner ou en trucider au moins un sur les deux. Histoire de corser le suspense. Mais, le témoignage de celui que je veux trucider avant qu'il rencontre le policier est essentiel pour le scénario initial. Si mon policier le découvre mort, le scénario initial sera modifié. pas en profondeur mais quand même. Donc, pause. Je vais donc me replonger dans la lecture de la suite d'"Alex" de Pierre Lemaître en attendant que la bonne réponse me vienne. Je trouverai sans doute un artefact qui me permettra de contourner l'obstacle. Je fais en sorte que la tenue de ce journal ne déflore pas l'histoire que je suis en train d'écrire. Je ne lèverai jamais trop le coin de voile, juste assez pour que, lorsque vous lirez le livre ( pour celles et ceux qui en auront envie ), vous retrouviez derrière les rebondissements les portes fermées par lesquelles aurait pu s'engouffrer l'histoire.

(1) Pour les non-initiés, voir "Portrait-robot" mon dernier polar paru chez L'Harmattan.

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 09:43
au-revoir.jpg
J'avais dévoré "Robe de mariée" et je suis en train de savourer avec autant de gourmandise et de plaisir "Alex" de Pierre LEMAITRE. Si quelqu'un mérite bien son nom, c'est lui car - qu'on pardonne ce jeu de mots à quelqu'un dont le patronyme l'autorise à ce genre d'exercice - il est bien jusqu'à présent, sinon le maître, du moins l'un des maîtres du polar français, couronné par de nombreux prix. Avec son nouveau roman "Au revoir là-haut", paru chez Albin Michel, il est l'un des favoris du Goncourt 2013. Si ce nouveau roman n'est pas à proprement parler un polar, nul doute qu'il porte l'héritage des précédents opus de Pierre Lemaître si l'on en juge par le texte de 4ème de couverture : "Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne veut plus d'eux. Malheur aux vainqueurs ! La France glorifie ses morts et oublie les survivants. Albert, employé modeste et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant devenu une « gueule cassée », est écrasé par son histoire familiale. Désarmés et abandonnés après le carnage, tous deux sont condamnés à l'exclusion. Refusant de céder à l'amertume ou au découragement, ils vont, ensemble, imaginer une arnaque d'une audace inouïe qui mettra le pays tout entier en effervescence... Et élever le sacrilège et le blasphème au rang des beaux-arts." Bien au delà de la vengeance et de la revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine et barbare, ce roman est l'histoire caustique et tragique d'un défi à la société, à l'Etat, à la famille, à la morale patriotique, responsables de leur enfer. Dans la France traumatisée de l'après guerre qui compte son million et demi de morts, ces deux survivants du brasier se lancent dans une escroquerie d'envergure nationale d'un cynisme absolu.
Quel que soit le palmarès du Goncourt, je vais me procurer d'urgence ce roman dont je sais d'avance qu'il va me valoir quelques heures d'intense plaisir.
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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 08:36

J'avais promis de tenir un journal de l'écriture de mon prochain polar "Les Bavardes". Chose promise, chose due. J'en suis à l'écriture du deuxième chapitre, à la page 26 plus précisément. Le commandant Tragos, mon policier, est sur la première scène de crime, sur le port de Sainte-Maxime. Je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer l'intrigue. J'ai décidé de rédiger comme un premier jet, d'une seule traite, comme "je le sens". En respectant bien sûr le scénario que j'ai préalablement élaboré, tout en me permettant toutefois quelques modifications qui ne remettent pas en cause l'économie de l'intrigue. Ensuite, je reviendrai sur le texte pour l'amender. J'ai réemployé des personnages que j'avais mis en scène dans le précédent manuscrit qui n'a pas encore été publié et qui, d'ailleurs, n'a pas encore de titre. Le procureur, le juge et le patron de la brigade de gendarmerie seront les mêmes que ceux qui interviendront dans la seconde aventure du commissaire Payardelle, mon autre héros récurrent. J'ai décidé que les univers de mes différents romans s'entrecroiseraient. C'est normal : à des dates différentes, les intrigues se situent au même endroit : SLes-bavardes-copie-1.jpgainte-Maxime. Si vous vous y retrouvez là-dedans, je vous tire mon chapeau. Quelques clarifications : Tragos est le policier de "Portrait-robot" paru en mars 2013. Il sera également le héros des Bavardes. Entre-temps, j'ai rédigé deux manuscrits qui mettent en jeu un autre personnage récurrent, le commissaire Théo Payardelle. Il apparaîtra dans "rejoins la meute", à paraître cet hiver et dans un autre opus terminé mais que je dois encore relire et certainement retravailler un peu. Vous aurez compris que j'ai actuellement deux romans en attente de publication et celui-ci que je suis occupé à rédiger. Ce sera le 7ème. Et l'idée du 8ème est déjà en train de germer dans mon esprit. Ce sera un thriller psychologique, un roman noir. A bientôt pour d'autres nouvelles.

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 06:46

Zak Walker est un obsédé de la sécurité, au point de piéger les membres de sa famille pour leur inculquer des principes de prudence. Un jour, il croit apercevoir le sac à main de son épouse abandonné dans son caddy dans un supermarché. Il l’emporte avec lui, pensant lui donner une bonne leçon. Malheureusement, s’il lui ressemble à s’y méprendre, ce sac n’est pas celui de son épouse et ce qui devient un vol va entraîner des conséquences désastreuses pour le pauvre Zack. Le premier tiers du livre est consacré à dépeindre le personnage principal et les manifestations de sa névrose. Le récit est intéressant, certes, mais il semble ne rien se passer qui soit susceptible de déclencher l’intrigue d’un thriller. On se perd en conjectures. S’agit-il d’un roman de Linwood Barclay ? Ou d’une réflexion sur la névrose sécuritaire ? Et puis, soudain, tout s’accélère, s’emballe même et, là, on retrouve le vrai Linwood Barclay, celui qui sait s’approprier le lecteur, le captiver, le tenir entre ses griffes et l’empêcher de lâcher le livre avant la dernière page. De l’action, du suspense, des rebondissements, des fausses pistes jusqu’à la fin. Du Barclay, du vrai, du costaud. Et, enfin, un ultime rebondissement en guise de dénouement inattendu. Du bon, du très bon Barclay, à découvrir absolument.

Mauvais pas, de Linwood Barclay, Editions J’ai lu, août 2013, 411 pages, 7 euros 60.

mauvais-pas.jpg

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14 octobre 2013 1 14 /10 /octobre /2013 08:28

C’est le troisième polar de Tim Cockey que je lis et je ne me lasse pas du style et de l’atmosphère que parvient à créer cet auteur talentueux. Comme le précise le texte de la quatrième de couverture « Une banale veillée mortuaire est un tant soit peu perturbée par l’irruption d’un cadavre ». Il s’agit du corps d’une jeune femme déposé sur les marches du funérarium par un meurtrier qui disparaît sans laisser de traces. Il n’en faut pas moins pour réveiller le limier qui sommeille en Hitchcock Sewell, notre croque-mort détective. Avec son énergie  naturelle et son humour au scalpel, Hitch va remuer la fange qui repose derrière les apparences respectables de la haute bourgeoisie locale. Dans une Baltimore soumise aux frimas d’un hiver rigoureux, Hitch déroule une enquête complexe où les suspects se multiplient jusqu’à un dénouement inattendu qui récompense le lecteur d’avoir épuisé les 431 pages de ce roman, sans l’être lui-même. Car on ne s’ennuie pas à la lecture de cette nouvelle enquête pleine de rebondissements et, surtout, une nouvelle fois truffée de répliques et de considérations qui relèvent d’un humour parfois noir, corrosif mais irrésistible. Qu’attendre d’autre d’un croque-mort dont le métier sert de toile de fond au roman et inspire la tonalité de son écriture. Quelques longueurs sans doute mais qu’on pardonne à cet excellent auteur qui parvient à maintenir plaisir et suspense jusqu’au bout. Un léger cran en-dessous du « Croque-mort est un bon vivant », celui des opus de Cockey que j’ai préféré, mais un très bon Cockey quand même. A savourer si l’on aime le suspense et l’humour.

Le croque-mort préfère la bière, de Tim Cockey, Editions Points, septembre 2005, 431 pages, 7 euros 50.le-croque-mort-prefere-la-biere.jpg

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 11:17

Naguère, j'avais publié sur Facebook un excellent article du magazine L'Express consacré à la cuisine dans le polar. Voici le lien avec cet article : http://www.lexpress.fr/culture/livre/le-polar-se-met-a-table_804097.html?fb_action_ids=315220815260614&fb_action_types=og.recommends&fb_source=aggregation&fb_aggregation_id=288381481237582

Je voudrais à présent illustrer cet article avec un extrait de mon prochain polar, "Rejoins la meute", à paraître au cours de cet hiver. La scène se déroule dans l'auberge cévenole où mon équipe de policiers, sous la conduite du commissaire Payardelle, est amenée à séjourner le temps de l'enquête.

 

J'aime introduire dans mes polars des scènes qui regroupent mes personnages autour d'une table et d'un bon repas. Quand ils ne sont pas au restaurant, mes personnages vivent un moment de partage gastronomique chez l'un d'eux comme le second extrait tiré de mon précédent polar "Portrait-robot" ( L'Harmattan, mars 2013 ) dans lequel mon enquêteur, le capitaine Tragos, séjourne chez un ancien gendarme qui lui fait goûter une spécialité ardennaise.

Premier extrait ( Rejoins la meute ) :

   " Le ton était donné. Cette enquête allait ressembler à un travail d’archéologue. Gratter pour trouver d’infimes fragments, les répertorier, les examiner, afin de déceler le moindre indice qui permettrait de les relier au reste et prier pour qu’un morceau plus conséquent que les autres les aide à rassembler un pan plus large de la vérité. A quatre et en moins de quatre mois, le pari était audacieux.

    La saucisse à l’aligot aurait largement suffi, surtout le soir, mais la patronne insista pour leur servir le menu complet. « Plateau de fromages ou dessert maison ! », avait-elle claironné fièrement, en leur apportant à nouveau la carte. Si les îles flottantes, fondants à la crème de châtaigne et autres tartes Tatin parvenaient encore à leur titiller les papilles, ils se rallièrent à l’avis de Marco, qui proposa d’opter pour le plateau de fromages. Non pas parce qu’ils n’aimaient pas le sucré mais parce que la troisième bouteille du délicieux nectar des Alpilles était encore à moitié pleine et que, comme l’avait mentionné justement César, ils avaient suffisamment de crimes sur les bras pour ne pas en commettre un autre, œnologique celui-là. Au milieu des rires qui fusaient et malgré le verbe haut de Marco et de César, la restauratrice parvint à comprendre qu’ils avaient opté pour le fromage. Leurs échanges bruyants ne semblaient pas gêner les autres clients, dans le brouhaha général de la salle de restaurant où la température était montée d’un cran. Quelques instants plus tard, elle leur apportait un énorme plateau de fromages, aux trois-quarts garni de spécialités des Cévennes, qu’elle prit un plaisir gourmand à leur présenter une à une. C’était visiblement une bonne nature, ravie de récupérer dans son auberge cette bande de joyeux drilles qui allait faire tourner à plein régime son hôtel pendant plusieurs semaines et ajouter de la vie dans un restaurant où l’ambiance n’avait pas coutume d’être feutrée."

 

Second extrait ( Portrait-robot ) :

 

"Tragos remarqua que Delmas parlait à la première personne du pluriel, comme si son épouse était toujours là. Cet ancien officier qui avait, en son temps, exercé le commandement sur les brigades de la circonscription des Ardennes avait l’allure bonnasse d’un simple brigadier. Tragos le trouvait touchant et se prenait d’affection pour ce brave type qui l’accueillait à bras ouverts et se réjouissait de lui faire goûter son meilleur vin et les spécialités de sa région. Rien à voir avec un Maccari bourré d’ambition. Aussi sympathique mais radicalement différent. Intelligent toutefois, beaucoup plus que ne pouvait le laisser supposer sa bonhomie trompeuse.  

 

    Tragos eut droit à la recette de la bayenne. Avec des airs et un phrasé dignes d’un Raymond Oliver, Delmas commentait, avec force détails, chacune des étapes de la confection de ce plat qu’il présenta comme celui du pauvre.

 

    - Il faut des pommes de terre nouvelles, des quarantaines comme on les appelle ici. Je les coupe en deux dans le sens de la longueur, sans ôter la pelure. Je les saupoudre bien de poivre noir et je les dispose dans le fond de ma cocotte. Une cocotte en fonte, de préférence. Ensuite, je découpe mes oignons en fines lamelles dont je recouvre mes pommes de terre. Je superpose une nouvelle couche à la précédente et je termine en mettant un peu d’ail et de poivre. Je mets le tout sur feu vif puis progressivement à feu doux. Il faut bien fermer le couvercle car mes pommes de terre doivent cuire dans la vapeur. Au bout de trente à quarante minutes, quand je sentirai une légère odeur de brûlé, je saurai que ma bayenne est prête.

 

    Tragos ne pipait mot et se contentait d’appliquer les consignes du chef.    La truite avait été évidée, écaillée et plongée dans un bouillon que Delmas n’avait pas hésité à préparer avec une bouteille de Saint-Véran qu’il avait laissée à demi-vide. Tragos l’écoutait religieusement, officiant tel un marmiton obéissant, secondant avec zèle son chef de cuisine au faciès rougi par le plaisir, par la chaleur de la cuisinière et par le Saint-Véran dont il venait déjà d’engloutir deux verres, prétextant qu’on ne pouvait laisser perdre un vin de cette qualité, même s’il ne pouvait rivaliser avec le Sancerre. Le policier, à qui Delmas avait déjà versé deux rasades de ce précieux breuvage, commençait à s’inquiéter autant qu’à se réjouir de la suite de la soirée et entrevoyait de plus en plus le recours à la chambre d’ami comme la seule issue raisonnable."

 

 

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 21:40

Un coup de coeur accompagné d'un léger bémol ( 4 étoiles sur 5 ) :eclat-de-Dieu-copie-1.jpg

Avec Pardonnez-nous nos offenses, paru en 2002 chez XO, Romain SARDOU nous avait livré un excellent thriller médiéval, une œuvre magnifiquement ciselée qui plongeait le lecteur au cœur d’un Moyen-Age fascinant et barbare, au fond de la campagne toulousaine, dans la quête d’un mystère qui, par certains côtés, nonobstant le décalage dans le temps, faisait penser aux Rivières pourpres de Grangé. Avec L’éclat de Dieu, l’auteur reprend cette tradition de personnages hors normes et de quête à la fois médiévale et ésotérique mais avec une nouvelle dimension qui fait cohabiter polar médiéval et science-fiction. Deux histoires déroulent leurs trames parallèles, l’une à l’époque des croisades, l’autre dans un univers futuriste et galactique. Toutes deux s’organisent autour du thème des croisades et du voyage vers la Terre sainte mais à des années-lumière l’une de l’autre et dans des dimensions totalement différentes. J’ai éprouvé des difficultés à entrer dans ce livre dont je ne voyais pas clairement où il cherchait à m’entraîner. Puis, à force de persévérance, j’ai fini par entrer dans l’histoire, acceptant les ruptures déroutantes entre les deux récits, pour finir par découvrir un dénouement étonnant, digne d’un roman aux aspirations téléologiques. Ce n’est rien de moins qu’à une explication des fins divines que nous convie Roman SARDOU, dans cette fabuleuse aventure qui entremêle des univers, des récits et des personnages qui vont finir par se retrouver dans un dénouement surprenant qui vaut la peine d’une errance durant quelques chapitres. A découvrir, rien que pour cela.

L’éclat de Dieu, de Romain Sardou, XO Editions, 2004, 424 pages.

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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 19:29

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Un meurtre survient dans une église de Séville. A Paris, un érudit décède dans des circonstances troubles. Un carnet contenant des notes précieuses disparaît. Ces événements qui laissent très vite apparaître entre eux des liens évidents constituent le point de départ d’une nouvelle aventure d’Ari Mackenzie. Après « Le rasoir d’Ockham » et « Les cathédrales du vide », notre ex-agent des renseignements intérieurs va se trouver entraîné dans une nouvelle enquête, complexe et dangereuse, sur la piste de l’un des plus mystérieux et des plus controversés personnages de l’histoire de l’alchimie et de l’ésotérisme : Fulcanelli. Depuis un siècle, des milliers de chercheurs ont tenté de percer le secret de son œuvre, sans jamais y parvenir. Ces morts qui surviennent à Paris et à Séville sont la preuve que des hommes sont prêts à tout pour parvenir à percer ce mystère. Y a-t-il derrière tout cela un enjeu réel et, si oui, lequel ? Assisté de ses traditionnels amis, Ari Mackenzie va s’employer à trouver une réponse à ces questions.

Au terme d’un impressionnant travail de documentation, Henri Loevenbruck se livre, avec ce nouvel opus, à un éblouissant numéro d’érudition. On retrouve, dans « Le mystère Fulcanelli » le brio qu’en son temps on a su reconnaître chez un Arturo Pérez-Reverte. « Le mystère Fulcanelli » n’a rien à envier au « Club Dumas ». Je dirai même qu’il le dépasse par la capacité de l’auteur à intégrer de façon harmonieuse les passages didactiques qui servent l’intrigue, l’éclairent et l’aident à progresser. On découvre, brillamment distillé, un pan insoupçonné de l’histoire de notre société qui met en scène des célébrités du monde des sciences, des arts et des lettres des XIXe et XXe siècles. Ce faisant, Henri Loevenbruck greffe sur une réalité historique des personnages imaginaires, les uns nouveaux, les autres récurrents, parmi lesquels on retrouve avec plaisir des familiers des précédentes aventures d’Ari Mackenzie : Krysztov, le garde du corps sur lequel on peut toujours compter, Iris, l’ancienne collègue des RG toujours prête à coopérer et surtout Lola, l’amour enfui d’Ari qui renvoie un peu à la Camille d’Adamsberg, le héros de Fred Vargas. Et la greffe prend, pour donner à l’ensemble tous les aspects de la vraisemblance. Le personnage d’Ari Mackenzie prend aussi de l’épaisseur.

A noter les pointes d’humour qui émaillent cette histoire, que ce soit dans les dialogues ou encore dans certains personnages comme le brigadier Jacquet qui fait, par certains côtés, penser au Bérurier de Frédéric Dard. Le style est toujours aussi enlevé, s’agissant de la narration, et les passages didactiques relèvent d’un travail d’orfèvre. L’intrigue est savamment construite, ménage habilement le suspense et débouche sur un dénouement totalement inattendu.

Au final, on peut dire que « Le mystère Fulcanelli » est une alchimie réussie entre une érudition parfaitement maîtrisée et un talent romanesque de premier ordre.  Les inconditionnels ne seront pas déçus et les autres pourront découvrir avec plaisir un récit passionnant et un auteur qui vaut le détour.

Le mystère Fulcanelli, de Henri Loevenbruck, Ed. Flammarion, octobre 2013, 407 pages, 21 euros.

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 10:43

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L’intrigue de mon dernier polar, Portrait-robot, se déroule en grande partie à Draguignan. Les allées Azémar, du nom d’un ancien préfet du Var, en sont un lieu emblématique. C’est là que se tient le marché textile et c’est aussi là que se situe la brasserie des Allées dont la terrasse jouxte les étals des marchands et qui accueille les camelots et leurs clients le samedi et le mercredi matin pour quelques minutes de détente. C’est aussi là que viennent de temps à autre se désaltérer le capitaine Tragos et son équipe et c’est précisément là que se jouera en partie le dénouement de l’histoire. Voici une photo de la terrasse de la brasserie des Allées et un extrait d’un chapitre dont elle est le cadre.

 

« Draguignan, le 6 mai 2011,

    C’était jour de marché à Draguignan. Comme chaque mercredi, Bastien quitta la maison à l’aube, après avoir chargé la camionnette. D’ordinaire, il appréciait l’heure matinale qui le voyait prendre possession de sa concession, sur les Allées Azémar, devant le manège. Toujours au même endroit. Depuis des années. Le rituel ne variait pas. Une fois l’étal installé, il se posait quelques instants à la terrasse de La Brasserie des Allées pour déguster un espresso avec Louis, le confiseur. La marchandise était sous bonne garde, la solidarité jouait entre camelots. Marthe le rejoignait généralement vers huit heures, quand les allées commençaient à s’animer. Tout le monde avait ses habitudes. A peu de choses près, les mêmes. Une fois l’installation terminée, chacun venait, à tour de rôle, se donner un peu de force avant le rush de la clientèle. Ludo, le garçon de café, connaissait bien son monde : d’abord les camelots puis, à partir de huit heures, leurs clients. Les camelots, Ludo les connaissait tous. Par leur prénom. Dix ans qu’il officiait les jours de marché. C’est lui qui ouvrait le café avec le patron. Pas la peine de commander. «  Quatre espressos, comme d’hab ? Et vite fait, je suppose !». Il avait apporté, en même temps que les consommations, l’édition du jour de Var-Matin. Le journal, c’était sacré ! On le feuilletait et, si rien n’attirait vraiment l’attention, on le passait à la table voisine. D’ordinaire, c’était l’occasion de commenter l’actualité, d’échanger les derniers potins de la sous-préfecture mais, depuis quelques semaines, les conversations ne tournaient plus qu’autour d’un seul sujet : la série de meurtres qui avait frappé la ville et ses environs. Après avoir servi la table voisine, Ludo était revenu.

    - Vous avez vu ? Il a remis ça. 

    Bastien avait sursauté.

    - Qui ça ? 

    - Le tueur, pardi ! répliqua le garçon de café pour qui la réponse ne faisait pas l’ombre d’un doute. »

Portrait-robot, de Jean-Michel Lecocq, Editions L’Harmattan, mars 2013, 304 pages.

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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 14:38

Au beau milieu de la terrible canicule de 2003, Daniel, juif berbère exilé à Paris, ne veut pas organiser les funérailles de son père à qui il en veut de l’avoir abandonné ainsi que sa mère afin de suivre en France sa maîtresse. D’entrée de jeu, ce roman a des accents de L’étranger, œuvre dans laquelle Camus commence par évoquer la mort de sa mère. A ceci près qu’ici il s’agit du père. D’ailleurs, l’ombre de Camus plane en permanence sur ce roman ; il est évoqué à plusieurs reprises et, avec lui, sa vision de l’Homme.  Dans « L’homme qui n’avait rien compris », Youssef Zirem développe un humanisme  qui repose à la fois  sur le constat de l’absurdité de la condition humaine et sur  un profond amour de l’autre dans ce qu’il a de fragile, de singulier et d’émouvant. A l’absurdité de la condition humaine dont avait pris conscience Camus, Youssef Zirem oppose la singularité attachante des individus, ceux qu’ils a connus ou qu’il côtoie encore dans le Paris d’aujourd’hui, ceux qu’il aime ou qu’il a aimés et qui lui donnent, pour reprendre une formule de  Camus, « cette joie étrange qui aide à vivre et à mourir ». Pourtant, la fragilité de la condition humaine est gage d’espoir : « Je sais désormais que rien n’est impossible dès lors que tout est fragile, tout est périssable », assure Youssef Zirem. Dans un style poétique et profondément touchant, ce roman est une tentative pour s’approprier le temps, le domestiquer et vivre avec lui : « J’ai envie que le temps devienne mon compagnon de route », déclare l’auteur. Et seule l’écriture peut lui permettre de réussir dans cette entreprise : «Ecrire, c’est essayer de retenir le temps », poursuit Youssef Zirem. « L’homme qui n’avait rien compris » est une fable humaniste, un récit profondément touchant, tragique et gai à la fois, qui conduit le personnage central vers une forme de résignation, source de sagesse. L’écriture est belle et l’histoire est prenante. Youssef Zirem a un sens aigu de l’image et son roman d’indéniables qualités littéraires. Son texte est fort, comme la pensée qu’il traduit. Au-delà de la portée philosophique du message, on croise dans ce roman une galerie de personnages attachants et tous aussi intéressants les uns que les autres. Par ailleurs, j’ai découvert avec beaucoup d’intérêt l’Histoire de l’Algérie, racontée selon un point de vue original, avec un éclairage qui permet de mieux comprendre certains évènements et de mieux appréhender ce qu’est devenu ce pays aujourd’hui. « L’homme qui n’avait rien compris » est un roman passionnant qu’on lit avec avidité, d’une traite, et qui laisse sur le lecteur une empreinte forte.

L’homme qui n’avait rien compris, de Youcef Zirem, Editions Michalon, mars 2013, 185 pages.

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